Cette fois-ci, l’icône du peuple brésilien a retenu ses larmes. Combatif, Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil de 2003 à 2010, a réagi avec sarcasme, vendredi 29 juillet, à l’annonce de son inculpation, la veille, pour tentative d’« entrave à la justice » dans l’opération « Lava Jato » (« lavage express »).
Par Claire Gatinois
Cette enquête sur le scandale de corruption lié au groupe pétrolier Petrobras implique dirigeants politiques, cadres et patrons d’entreprise du BTP.
« Si le but de tout ceci est de retirer Lula de la campagne [pour l’élection présidentielle de 2018], cette provocation me donne déjà des démangeaisons », a assuré l’ancien chef de l’Etat, figure du Parti des travailleurs (PT, gauche), lors d’un séminaire organisé par la Confédération nationale des travailleurs du secteur financier (Contraf-CUT) à Sao Paulo, vendredi.
« Lula a déjà tout expliqué au procureur général de la République (…). Il n’a jamais interféré ou tenté d’interférer dans des déclarations liées à “Lava Jato” », ont ajouté Roberto Teixeira et Cristiano Zanin Martins, ses avocats. « Lula » est accusé, à l’instar de l’ancien sénateur Delcidio do Amaral, d’avoir tenté d’acheter le silence de l’ex-directeur de Petrobras, Nestor Cervero. Il risque entre trois et huit ans de prison. Cinq autres personnes ont également été inculpées.
« Rôle central »
Cette décision fait suite à l’arrestation, en novembre 2015, de Delcidio do Amaral, trahi par un enregistrement dans lequel il proposait d’organiser la fuite de M. Cervero, détenu dans le cadre de « Lava Jato ». S’autoproclamant « prophète du chaos », M. do Amaral, déchu de son titre de sénateur, a accepté de collaborer avec la justice afin de minimiser sa peine. A en croire aujourd’hui la justice de Brasilia, Lula aurait joué « un rôle central » dans la tentative de sabotage de l’enquête par M. do Amaral.
L’inculpation de celui qui a quitté son second mandat auréolé d’une popularité de plus de 80 % n’est pas une surprise. La justice rôde autour de Lula depuis des mois, le suspectant d’avoir bénéficié des sommes détournées de Petrobras. Il est plus surprenant, en revanche, que l’attaque émane d’un juge de Brasilia, Ricardo Augusto Soares Leite, et non de son ennemi juré : le juge Sergio Moro.
Le magistrat de Curitiba, en charge de « Lava Jato », est connu pour ses méthodes cavalières. Il a, le premier, osé s’en prendre à l’ancien président, en lançant le 4 mars un mandat d’amener contre lui, sous l’œil des caméras. Furieux à l’idée de voir Lula occuper un poste de ministre qui aurait pu le mettre à l’abri des enquêteurs, le juge a rendu publiques des écoutes de conversations téléphoniques avec la présidente Dilma Rousseff – éloignée du pouvoir depuis le 12 mai à la suite de l’ouverture d’une procédure de destitution – montrant, selon lui, que la nomination de Lula à un poste exécutif était un subterfuge pour lui éviter la prison.
« Les gens veulent la fin de la “telenovela” »
Jeudi, Lula a présenté une requête auprès de Comité des droits de l’homme de l’ONU, dénonçant des « abus de pouvoir » du juge. « Il ne s’agit pas d’un sentiment abstrait de persécution, mais d’actions concrètes, illégales. Lula n’a pas de problème à être entendu par un juge, du moment qu’il est impartial », explique l’attaché de presse de l’Institut Lula.
L’inculpation de Lula, un mythe politique dans son pays pour avoir contribué à sortir des dizaines de millions de Brésiliens de la pauvreté, témoigne des bouleversements de la justice brésilienne. « Les juges n’ont plus de pudeur », constate une source à Brasilia. « Lula est considéré par certains comme un Dieu, mais il devra s’expliquer », abonde le politologue Carlos Melo, professeur à l’institut d’études supérieures Insper à Sao Paulo.
Les ambitions politiques du septuagénaire, pressenti pour être à nouveau le candidat du PT lors de la présidentielle de 2018, pourraient être compromises. D’autant que, selon M. Melo, en dépit de la popularité encore significative de l’ancien président, la mobilisation pour soutenir Lula pourrait s’essouffler. Après des mois de crise politico-judiciaire, « les gens en ont marre. Ils veulent la fin de la “telenovela” », se désole un proche du PT.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/07/29/au-bresil-l-ex-president-lula-inculpe-pour-tentative-d-entrave-a-la-justice_4976480_3222.html#szyz3psYVYMxyRJM.99
Cette enquête sur le scandale de corruption lié au groupe pétrolier Petrobras implique dirigeants politiques, cadres et patrons d’entreprise du BTP.
« Si le but de tout ceci est de retirer Lula de la campagne [pour l’élection présidentielle de 2018], cette provocation me donne déjà des démangeaisons », a assuré l’ancien chef de l’Etat, figure du Parti des travailleurs (PT, gauche), lors d’un séminaire organisé par la Confédération nationale des travailleurs du secteur financier (Contraf-CUT) à Sao Paulo, vendredi.
« Lula a déjà tout expliqué au procureur général de la République (…). Il n’a jamais interféré ou tenté d’interférer dans des déclarations liées à “Lava Jato” », ont ajouté Roberto Teixeira et Cristiano Zanin Martins, ses avocats. « Lula » est accusé, à l’instar de l’ancien sénateur Delcidio do Amaral, d’avoir tenté d’acheter le silence de l’ex-directeur de Petrobras, Nestor Cervero. Il risque entre trois et huit ans de prison. Cinq autres personnes ont également été inculpées.
« Rôle central »
Cette décision fait suite à l’arrestation, en novembre 2015, de Delcidio do Amaral, trahi par un enregistrement dans lequel il proposait d’organiser la fuite de M. Cervero, détenu dans le cadre de « Lava Jato ». S’autoproclamant « prophète du chaos », M. do Amaral, déchu de son titre de sénateur, a accepté de collaborer avec la justice afin de minimiser sa peine. A en croire aujourd’hui la justice de Brasilia, Lula aurait joué « un rôle central » dans la tentative de sabotage de l’enquête par M. do Amaral.
L’inculpation de celui qui a quitté son second mandat auréolé d’une popularité de plus de 80 % n’est pas une surprise. La justice rôde autour de Lula depuis des mois, le suspectant d’avoir bénéficié des sommes détournées de Petrobras. Il est plus surprenant, en revanche, que l’attaque émane d’un juge de Brasilia, Ricardo Augusto Soares Leite, et non de son ennemi juré : le juge Sergio Moro.
Le magistrat de Curitiba, en charge de « Lava Jato », est connu pour ses méthodes cavalières. Il a, le premier, osé s’en prendre à l’ancien président, en lançant le 4 mars un mandat d’amener contre lui, sous l’œil des caméras. Furieux à l’idée de voir Lula occuper un poste de ministre qui aurait pu le mettre à l’abri des enquêteurs, le juge a rendu publiques des écoutes de conversations téléphoniques avec la présidente Dilma Rousseff – éloignée du pouvoir depuis le 12 mai à la suite de l’ouverture d’une procédure de destitution – montrant, selon lui, que la nomination de Lula à un poste exécutif était un subterfuge pour lui éviter la prison.
« Les gens veulent la fin de la “telenovela” »
Jeudi, Lula a présenté une requête auprès de Comité des droits de l’homme de l’ONU, dénonçant des « abus de pouvoir » du juge. « Il ne s’agit pas d’un sentiment abstrait de persécution, mais d’actions concrètes, illégales. Lula n’a pas de problème à être entendu par un juge, du moment qu’il est impartial », explique l’attaché de presse de l’Institut Lula.
L’inculpation de Lula, un mythe politique dans son pays pour avoir contribué à sortir des dizaines de millions de Brésiliens de la pauvreté, témoigne des bouleversements de la justice brésilienne. « Les juges n’ont plus de pudeur », constate une source à Brasilia. « Lula est considéré par certains comme un Dieu, mais il devra s’expliquer », abonde le politologue Carlos Melo, professeur à l’institut d’études supérieures Insper à Sao Paulo.
Les ambitions politiques du septuagénaire, pressenti pour être à nouveau le candidat du PT lors de la présidentielle de 2018, pourraient être compromises. D’autant que, selon M. Melo, en dépit de la popularité encore significative de l’ancien président, la mobilisation pour soutenir Lula pourrait s’essouffler. Après des mois de crise politico-judiciaire, « les gens en ont marre. Ils veulent la fin de la “telenovela” », se désole un proche du PT.
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